Il est là.

Le rose lui colle aux joues et ce bonbon qui se cache sous sa langue…

Constellation esquissée dans le  foncé de ses iris, il réclame l’approbation. Le partage aussi.

Il joue avec son émotion musicale, fait glisser les mots hors de sa bouche, les rattrape à la dernière extrémité de sa peau fragile sans se mordre les lèvres, les fait fondre mais pas trop.

Partager le son avec la Voix qui l’enchante.

La gomme blanche qui frappe le grès moucheté, petit tambour du bout des pieds, le voilà qui se prolonge dans l’instrument. Grand corps malhabile, pour ses onze années passées. Le mouvement s’amplifie, une danse écho à la mélodie, il s’envole tel un derviche tourneur des sons électro.

Je l’observe et m’accroche à la lumière qui le révèle. Volontaire et destinée. Spectatrice de son ressenti, ma réserve se disperse dans un sourire. Arpenter ses mouvements, ce chemin sans dissonance.

Il m’a prévenue : « Maman, je vais mettre le playlist de Stromae »

Et moi si pragmatique, le relationnel du registre disquaire usé :  » Pourquoi tu aimes tant ? »

« Je ne saurais pas expliquer ce genre de choses. »

Je me love dans son verbe, touchée par son sérieux finalement.

« C’est la rythmique,  ça apprend des choses sur la vie ! »

Je me noie avec une bouteille d’oxygène dans le flot de ses émotions, hypnotisée par ses doigts, baguettes en noyer blanc qui battent les vagues binaires, sans caisse claire.

Bientôt il comptera les noires et contera les histoires.

« tu sais c’est un homme il est dans une arène… »

Son bec s’arrondit, à mon moineau qui chante. Il ne susurre plus et livre des pages griffonnées en do ré mi.

stromae