Ronger ces pages

reflex

Etaler ton amour sur le corps étendu d’un 4ème de couverture, abandonné aux odeurs de pages fébrilement froissées sous la lecture noire de café. Tenir, ne pas lâcher le morceau qui dévore tes résolutions.

C’est quoi finalement un bouquin qui te ronge ?

ça commence par des doigts gourds. Plus en possession de leur faculté , ils tournent sans discontinuer les feuillets mobiles de l’histoire. L’encre pénètre le grain de la peau, une caresse tout d’abord, illusion d’une main légère qui divague sur les phalanges. Le frisson prend ses airs et ambitionne les épaules. Une danse lascive de la nuque, libère quelques mèches parmi les tensions. Dans le creux du poignet, une phrase serpente. Elle lie le verbe à la carnation.

Alors tu fermes la main volage. Retenir  la promesse.

Premier shooting, le flash qui t’aveugle !

La règle tranche. Le bois  scie les doigts encrés, « grammatiquement » corrects. Dans une salle de classe obscure, le couperet est tombé. Pas de prof de Lettres et la leçon commence.

Echappé le roman, la chute résonne du choc. Le carrelage avale le vacarme des consonnes et le déni s’installe.

Ainsi le combat s’achève, par manque d’air ?

Mais l’appel se fait profond, tribal comme le masque qui transfigure le corps sur la couverture.

Revenir… se retenir…revenir…se…

Un ballet païen où le son du Brodhan envahit tes résolutions, harponné par le jeu de mains calées sur le bouquin, ton souffle bat la mesure. Tu inspires.

Ne pas accepter les maux. Refuser les compromis à une inconnue au bout d’un stylo…

Le combat est perdu : tu te livres.

Sous le manteau hypnotique de la Goule lecture, nouveau refuge, armée d’une tasse grand format d’un noir bien serré, tu reprends les pérégrinations sans absolution.

La nuit ne porte pas conseil.

L’orage va gronder, les fondations se fissurer.

Deuxième flash !

Rassemble tes petits. Coquille vide, le ventre tatoué au brou de vie, les sillons panneaux indicateurs par ici la sortie, n’ont pas trouvé de crème à faire oublier.Et toi la mère, la louve, tu as des bleus partout.

Errances nocturnes pour fulgurances diurnes, le bout du bout du monde sombre se révèle enfin au petit matin.  Le Fog, malsain trou noir sans oxygène n’est qu’un artifice face à l’anxiogène libéré.

Avec Reflex, tu apprends à gérer la vitesse d’obturation . Tes Iris néophytes pourraient ne pas supporter l’exposition à sa lumière.

Reflex

Maud Mayeras

Editions Anne Carrière

Playlist : Marilyn Manson, surtout Nobodies

 

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5 réflexions sur “Ronger ces pages

  1. Est ce une invitation dans les mondes parallèles de la littérature? des songeries éveillées par un phrasé de talent? un cliquetis de mots suscitant le désir de lire? qu’importe on suit ces lignes sans se demander où elles vont nous mener. La suite est ailleurs….

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